Culture de Lapageria rosea en Bretagne nord, bord de côte

 

Christine Bartolo.

 

 

 

Copihue, fleur nationale du Chili

 

 

 

Plusieurs légendes Mapuches sont rattachées au Copihue dont une qui raconte que des guerriers survivants montèrent dans les arbres pour voir le champ de bataille, voyant tous leurs camarades morts, ils pleurèrent des larmes de sang qui se changèrent en fleurs rouges. Pablo Neruda dit dans un de ses poèmes : le Copihue rouge est la fleur du sang, le Copihue blanc est la fleur de la neige. Elle fut nommée Lapageria par Ruiz et Pavon en l'honneur de l'impératrice Marie-Josèphe de Lapagerie, dite Joséphine de Beauharnais.

 

 

 

Nous l'avions vue pour la première fois en 1992 au Manoir du Kestellic lors d'une visite avec son propriétaire le Marquis Yann de Kerouartz, elle était pleine de fleurs, un choc car c'est une de ces plantes mythiques que l'on a envie de posséder, ses fleurs en cloches rouges discrètement ponctuées ont des pétales épais de consistance cireuse.

 

J'avais trouvé à acheter un plant par correspondance, n'ayant à l'époque aucune information sur sa culture (sauf qu'elle poussait apparemment bien en Bretagne nord) , nous l'avions plantée dans la grande serre puis au bout de quelques années, je pense que c'est au retour de notre premier voyage au Chili, nous l'avons déplantée et replantée à l'extérieur sous le couvert d'un Eucalyptus. Il devait rester une racine dans la serre car elle a repoussé et est magnifique, nous avons planté à son pied un semis de Patrick Bellec qui a végété quelques années puis a poussé d'un coup très vigoureusement et fleurit depuis 2 ans.

 

 

 

 Nos différents voyages au Chili nous ont permis d'appréhender les milieux dans lesquels poussent ces plantes, la première fois en 2004 dans la région de Valdivia, région tempérée humide, sous le couvert des arbres fleurissant à la canopée quand elles trouvent la lumière, le soleil, puis sur la route dans un talus agrippée à un grand arbuste. Plus tard en 2011 lors du 2ème voyage, en sous- bois clairs dans de mini clairières, en zone quasi méditerranéenne à la réserve Los Ruiles. Cela nous a permis de comprendre que même s'il faisait chaud et sec en été, il y avait de l'eau en dessous dans le sol. C'est pour cela que nous les arrosons maintenant ainsi que certaines autres plantes chiliennes de climat méditerranéen (Acacia caven , Jubea…) . Plus au sud de Valdivia jusqu'à l'extrême sud de la Patagonie elle est remplacée par une autre Philésiaceae, Philesia magellanica une autre superbe plante que nous avons vue lors de nos voyages au Chili, certaines fois en grimpante, ici elle reste généralement sous forme de buissons.

 

Nous en avons planté 2 autres dans la grande serre ,cela nous permet de les surveiller et surtout de penser à les arroser régulièrement ,  une blanche que nous avons achetée à Truro en Cornouailles anglaises chez le spécialiste anglais des Lapageria lors d'un voyage de l'Arche aux Plantes, les  pépinières Roseland House .Lors de notre voyage la pépinière était fermée, sur place nous avons téléphoné ,le pépiniériste avait un pied de Lapageria blanche (sûr car elle était en fleur) et a accepté de nous recevoir. C'était une petite pépinière en plein village, le jardin étroit est en pente et les petits tunnels tout en haut derrière la maison, en repartant il a voulu nous montrer ses collections et ses multiplications. Il nous a décrit et expliqué ses hybridations  que nous avons pu observer derrière les vitres de sa maison, il y en avait des centaines de toutes les tailles sur des étagères à hauteur tout autour de la pièce. Elle a bien poussé et fleurit, elle a déjà eu des graines que Mario a semé, 6 plants qui ont végété et fini par disparaître.

 

 Une rose achetée assez grande a été plantée le long du grillage au fond du terrain derrière un Calliandra Tweedy et un Dombeya burgessiae , elle semble se plaire et fleurit beaucoup, jusqu'à trente fleurs par saison et bizarrement sur toute la hauteur bien qu'elle soit à l'ombre. Un pied acheté aux pépinières Arven planté sous un Eriobotrya deflexa semble se plaire également et fleurit un peu depuis 2 à 3 ans, celle plantée sous Buddleja myriantha reste minuscule, je vais la déplacer.

 

 

 

Un ami à quelques km la cultive en pot plein sud sur sa terrasse, elle fleurit bien. Dans le Finistère Patrick Bellec en a avec succès depuis de très nombreuses années. Au Jardin Georges Delaselle à l'Ile de Batz, les essais n'ont pas réussi pour l'instant peut-être à cause de la nature du sol. Au Jardin Botanique et Exotique de Roscoff, les différents plants sont morts de soif jusqu'à présent mais pour la première fois cette année un pied avec un arrosage est en floraison. Celle du Kestellic dont j'ai eu des nouvelles très récemment est en plein déclin et ne fleurit plus que très très peu.

 

 

 

 Dans le jardin certaines ont supporté sans dommages en 2009 et 2017 des températures de -7 voire -8° mais très brièvement et en terrain très drainé sous couvert. Celle déplacée sous l'Eucalyptus a grimpé dans les branches à 6m de haut et a eu 25 fleurs cette année, je pense que la chaleur (toute relative ici) de cet été couplée à un arrosage régulier lui a bien plu. J'ai su récemment en consultant le livre sur les plantes sauvages comestibles et médicinales du Chili de notre amie Lucia Abello que les fruits étaient comestibles. J'ai goûté cette année car il y avait trois fruits dont un dans celle à fleurs blanches qui a malheureusement disparu, c'est sucré, agréable...

 

 En Conclusion il semble possible de les cultiver dans les régions avec des amplitudes de températures de -8 voire -10° brièvement en terrain drainé et jusqu'à 30 voire 35° l'été mais aussi brièvement avec un sol qui ne dessèche pas. Les semis lèvent relativement bien mais végètent très longtemps, la plante est longue à s'installer et à fleurir, elle doit faire son système racinaire en premier. Un ami pépiniériste Yves Gloaguen de la pépinière Arven, la bouture avec succès, personnellement je n'ai jamais essayé.

 

 

 

 Photos de Christine Bartolo