VISCUM ALBUM

 

                   photo M. Le Hérissé

 

Une plante emblématique : Viscum album

 

Cette plante vedette de Janvier n’est autre que le gui blanc.

 

 

Appartenant à la famille des Santalacées, autrefois Loranthacées, c’est une plante épiphyte qui vit fixée sur une plante-hôte mais dont elle n’est pas tout à fait parasite. Elle ne développe pas de racines mais un suçoir qui lui permet de prélever uniquement de la sève brute, et comme elle est capable de photosynthèse grâce à la chlorophylle présente dans toute la plante : feuilles, tiges, tronc, fleurs verdâtres et même fruits avant leur maturité en toute fin d’année. En échange elle retourne à son hôte de la sève élaborée riche en substances nutritives, ce qui n’est pas le cas des plantes parasites. On parle plutôt pour le gui de hémiparasitisme.

 

 

La croissance du gui est très lente, chaque année, une ramification de 2 branches d’égale importance se développe, chacune portant 2 feuilles. Pour connaître l’âge d’une touffe de gui, il faut compter le nombre de ramifications, il en existe allant jusque 70 ans !!!  Ces feuilles sont très particulières et uniques dans le monde végétal : très épaisses, leurs 2 faces sont identiques et portent des stomates, fines ouvertures de l’épiderme qui permettent des échanges avec l’extérieur, gazeux et évapotranspiration. Cette symétrie biologique particulière fait que le gui pousse indifféremment vers le haut ou vers le bas, il n’est pas sensible à la lumière et ne développe pas de géotropisme ni d’héliotropisme, ce qui est un fait rare dans le monde végétal !  De plus, il se développe toujours perpendiculairement à son support.

 

 

La floraison est discrète et les fleurs mâles et femelles sont portées par des individus différents. Elles sont regroupées en extrémité des rameaux et s’ouvrent en mars, elles ont 4 pétales de 1-2 mm vert-jaune, avec 4 étamines aplaties, les fleurs femelles sont encore plus petites, les pétales surmontent sur un ovaire renflé qui donnera un fruit qui subsistera tout l’été avant de devenir translucide fin décembre. La baie est très toxique sauf pour certains oiseaux qui apprécient la matière collante et visqueuse dont on tirait la glu, qui a donné son nom latin au gui. Les oiseaux contribuent à la dissémination du gui soit en rejetant les graines qu’ils ne digèrent pas, soit en collant les baies sur une branche pour les déguster tranquillement (cas des fauvettes).

 

 

C’est une plante commune des pays tempérés, moins présente en Bretagne selon les secteurs, elle colonise certains arbres fréquemment comme les pommiers, peupliers qu’elle peut même envahir. Le gui poussant sur le chêne est très rare, ce qui est certainement responsable de la légende des druides.

 

 Il en existe 3 sous espèces :  

 

-Viscum album album qui colonisent les feuillus,

 

-Viscum album abietis qui colonise les sapins

 

-Viscum album austriacum qui colonise les pins,

 

Curieusement, les graines de gui poussant sur des feuillus ne germent pas sur les conifères et inversement.

 

 

Il existe parmi les autres espèces un Viscum à fruits rouge foncé : Viscum cruciatum ou gui en croix qui pousse au sud de l’Europe et en Asie, on le trouve au Portugal, en Espagne du Sud et au Maroc. Il colonise les oliviers, aubépines et les pins, ses fleurs sont plus développées que chez V. album.

 

 

 Le gui n’a pas fini de nous étonner !!  

 

 

                  photo M. Le Hérissé

                 Peuplier colonisé par des touffes de gui.

        photo M. Le Hérissé

         photo M. Le Hérissé

                               photo M. Le Hérissé

                             Détail des feuilles symétriques en extrémité de rameau.

                   Détail des fleurs mâles.

                         photo M. Le Hérissé

                   Détail d'une baie montrant les cicatrices des 4 pétales et du style du stigmate.

  Planche botanique représentant le gui par Mathurin Méheut, 1908 (Encyclopédie de la Plante T.III)

        

  Dessin aquarellé de gui par Louis-Marie de Schryver (Encyclopédie de la Plante T.III)